Convergence des suites
Convergence des suites
Définitions
On dit qu’une suite (un) à valeurs réelles est majorée par M si, et seulement si pour tout n∈N, un⩽M.
On dit qu’une suite (un) à valeurs réelles est minorée par m si, et seulement si pour tout n∈N, un⩾m.
Théorème de la limite monotone
∙ Toute suite à valeurs réelles croissante et majorée par M est convergente vers ℓ avec ℓ⩽M.
∙ Toute suite à valeurs réelles décroissante et minorée par m est convergente vers ℓ avec ℓ⩾m.
Remarque : Le minorant (ou majorant) n’est pas nécessairement la limite de la suite!
Exemple :
On considère la suite (un) définie par récurrence de la manière suivante :
u0=0 et un+1=√3un+4
1) Montrer que pour tout n∈N, un⩽4.
2) Démontrer que (un) est une suite croissante.
3) La suite (un) est-elle convergente?
Correction
1) On note P(n) la propriété ” un⩽4 ” et on va démontrer par récurrence que P(n) est vraie pour tout n∈N.
Initialisation : on a u0=0⩽4 donc P(0) est vraie.
Hérédité : on suppose que P(n) est vraie pour un certain n∈N.
On sait que un+1=√3un+4 donc comme par hypothèse de récurrence un⩽4 on a :
√3un+4⩽√12+4=4 c’est-à-dire un+1⩽4.
Ainsi P(n+1) est vraie et la récurrence est établie.
2) On a, pour tout n∈N,un+1=f(un) avec f:x↦√3x+4 et on sait que 0⩽un⩽4.
Il suffit donc d’étudier les variations de la fonction f sur [0,4] pour trouver les variations de la suite (un).
Or la fonction f est la composée de deux fonctions croissantes (racine carrée et une fonction affine à pente positive) donc f est croissante.
Il en résulte donc que la suite (un) est croissante.
3) D’après le théorème de la limite monotone, comme (un) est croissante et majorée par 4, elle est convergente et en notant ℓ sa limite, on a 0⩽ℓ⩽4
Convergence des suites - Exercice
Soit U0=0 et Un+1=√3Un+4.
1) Démontrer que Un est majorée par 4.
Nous allons démontrer par un raisonnement par récurrence que Un est majorée par 4.
- Étape 1 : Initialisation. On vérifie que la propriété est vraie au premier rang, ici U0.
- Étape 2 : Hérédité. On pose l’hypothèse que Un est inférieure ou égale à 4.
- Étape 3 : On part de cette inégalité pour retrouver Un+1.
2) Démontrer que Un est croissante.
Nous allons démontrer par un raisonnement par récurrence que Un est croissante.
- Étape 4 : Initialisation. On calcule U0 et U1 pour vérifier que la suite est croissante aux premiers rangs.
- Étape 5 : Hérédité. On pose l’hypothèse qu’à un rang n la suite est croissante (Un inférieure ou égale à Un+1.
- Étape 6 : On part de l’inégalité Un≤Un+1 pour retrouver Un+1 et Un+2.
3) La suite converge-t-elle ?
D’après le cours, une suite croissante et majorée converge.
Suites convergentes
Suites convergentes
Définition :
Une suite de réels (un)(n∈N) converge vers le réel l si et seulement tout intervalle ouvert contenant l contient tous les termes de la suite à partir d’un certain rang.
On note alors limn→+∞un=l.
Ce formalise, introduit par Karl Weierstrass au 19e siècle, est nécessaire pour appréhender correctement les infiniment petit ou grand, pour lesquels l’intuition ne suffit pas.
On trace la droite des réels et la “droite” des entiers naturels. Soit un réel l fixé, pour tout intervalle I ouvert contenant l, il existe un rang n0 à partir duquel tous les termes de la suite appartiennent à I.
I peut être choisi aussi petit que possible, non vidé ouvert autour de l. Cela signifie que la quasi totalité des termes de la suite appartient à I. En effet, seuls les termes de 0 à n0−1 n’appartiennent pas à I : il y en a donc un nombre fini. Intuitivement, en se rapprochant du nombre l, la “densité” de termes un augmente.
Mathématiquement, la définition s’écrit :
∀ϵ>0∃n0∈N|∀n∈n,n≥n0⇒un∈]l–ϵ;l+ϵ[
Ou encore :
Pour tout ϵ>0, il existe un entier naturel n0, dépendant de ϵ, tel que pour tout n∈N, dès que n≥n0 alors un∈]l–ϵ;l+ϵ[
Propriété :
Démontrons que lorsque (un)(n∈N) converge vers un réel l, alors sa limite est unique.
On raisonne pour cela par l’absurde en supposant que (un) converge vers l1 et l2 avec l1<l2.
On choisit un intervalle I1 ouvert autour de l1 et un intervalle I2 autour de l2.
On sait qu’il existe un rang n1 tel que pour n≥n1⇒un∈I1.
De même, on sait qu’il existe un rang n2 tel que pour n≥n2⇒un∈I2.
On pose n0=max(n1,n2), ainsi, on a n0≥n1 et n0≥n2. Donc un0∈I1∩I2.
Comme les réels l1 et l2 sont différents, il est possible de trouver des intervalles I1 et I2 ouverts telle que l’intersection de ces deux intervalles soit vide, c’est à dire I1∩I2=∅.
Il y a donc une contradiction dans la mesure où l’ensemble I1∩I2 est l’ensemble vide mais contient aussi un0.
Ainsi, lorsqu’une suite possède une limite finie, cette limite est unique.
Une suite est convergente lorsqu’elle admet une limite finie.
Dans le cas contraire, une suite est divergente.
Cependant, il existe deux possibilités pour une suite divergente, soit la suite admet une limite infinie soit la suite n’admet pas de limite.
Exemple :
Pour tout n∈N, on définit la suite un=(−1)n. C’est une suite divergente qui n’admet pas de limite car elle alterne entre 1 et −1. Cette suite n’admet pas de limite car pour n grand, il est toujours possible de trouver un terme qui n’appartient pas à l’intervalle ouvert I=]0,5;1,5[, car certains termes valent −1.
On a donc choisit ϵ=0,5 et on montre que pour tout n0∈N il existe des termes d’indices plus grand que n0 qui n’appartiennent pas à I.