La conscience

Le mot conscience vient de cum scientia, c’est-à-dire avec science donc on peut définir la conscience comme une connaissance qui est d’abord de soi, du monde mais aussi du bien et du mal.

La conscience est le propre de l’homme, c’est-à-dire que c’est ce qui le différencie de l’animal. Mais c’est aussi la grandeur de l’homme par rapport à l’animal ; c’est ce que Pascal critique avec sa citation « L’homme est un roseau pensant » dans laquelle il montre que cette grandeur de l’homme liée à sa conscience est une grandeur toute particulière.

Peut-on connaître le moi ?

 

I. Descartes (XVIIe siècle)

 

Descartes est le premier à avoir fait de la conscience une notion centrale de la philosophie.

Il entend rejeter toute la scolastique, enseignement de son époque qui est un mélange de philosophie d’Aristote et de théologie, pour exiger une certitude absolue en sciences et en philosophie. Il s’agit de se calquer sur le modèle des mathématiques à cause de l’exactitude de ces dernières.

Pour fonder le savoir, Descartes doit révoquer en doute l’ensemble des choses que l’on tient pour vraies, et même celles que l’on tient pour les plus certaines.

Dans la première Méditations métaphysiques de Descartes, l’auteur formule une série d’arguments qui visent à révoquer en doute l’ensemble de nos connaissances : la tromperie des sens ; les rêves, car il n’existe aucun critère qui permette de différencier les rêves de la réalité donc on ne peut jamais vraiment savoir si l’on rêve ou pas ; le malin génie, c’est-à-dire l’imagination d’un dieu qui s’évertuerait à me tromper dès que j’établis un raisonnement mathématique simple.

Le doute cartésien est le doute hyperbolique (concerne l’ensemble des connaissances) mais c’est aussi un doute méthodique et non sceptique, dans l’optique est de trouver une première vérité indubitable (dont on ne peut pas douter) pour ensuite fonder la connaissance. Or quelle est cette première vérité sur laquelle me baser alors que je doute d’absolument tout ?

La première certitude est que je pense et donc j’existe. Si je me trompe, alors j’existe forcément. C’est donc le cogito ergo sum, une certitude indubitable qui constitue le modèle de toutes les connaissances.

Descartes ne va pas se contenter de déduire du cogito une simple existence indéterminée. Si le « je » peut être conçu par soi, c’est-à-dire indépendamment de tout autre chose, le « je » peut aussi exister par soi, c’est-à-dire indépendamment de tout autre attribut au sens où seule la pensée constituera son essence. Quand je réfléchis à ce qu’est le « je », je trouve une pensée que je peux concevoir clairement et distinctement, indépendamment de tous les attributs qui appartiennent à la substance matérielle c’est-à-dire l’étendue en longueur, largeur et profondeur. Donc toute la pensée pour Descartes réside dans une substance immatérielle.

Descartes définit la pensée dans Les Principes de la Philosophie : « Par le mot penser, j’entends tout ce qui se fait en nous de telle sorte que nous l’apercevons immédiatement par nous-mêmes ». Ici, Descartes assimile pensée et conscience, c’est ce que Freud critiquera en disant qu’il peut exister des pensées inconscientes et que la conscience ne représente qu’une partie de la pensée.

 

II. Hume (XVIIIe siècle)

 

L’empirisme est une thèse qui prétend que toute connaissance doit dériver d’une impression, d’une expérience. L’auteur se pose la question : ai-je jamais l’impression d’un moi qui demeure dans le temps et qui dure ? Ce n’est pas le cas car quand je regarde en moi, j’ai affaire à une série d’états discontinus, ce n’est jamais la même impression. Donc si je n’ai aucune impression, par exemple lors d’un sommeil profond, on peut dire que je n’existe pas. Il y a une critique de l’identité personnelle car je n’ai jamais à faire à un moi constant, mais à des états discontinus et le moi serait une fiction.

 

III. Hegel (XIXe siècle)

 

Hegel dit qu’on ne peut jamais accéder directement au moi. La conscience, pour prendre conscience d’elle-même, a besoin de s’extérioriser dans le monde en produisant des œuvres concrètes. La conscience n’est pas immédiate. Par exemple, parfois on a l’impression que notre avis sur un sujet est confus, et il suffit d’en parler avec quelqu’un pour se rendre compte qu’on avait beaucoup d’idées sur le sujet, il y a donc une extériorisation de la conscience. De la même façon, face à un sujet de dissertation pas inspirant, il suffit de se mettre à écrire pour s’apercevoir qu’on a des choses à dire dessus.

Donc la médiation de l’extériorité sert à la conscience à prendre conscience d’elle-même.

Chez Hegel, toute production humaine est une extériorisation de la conscience dans le monde pour se contempler et se connaître ensuite. L’inconscient dans l’histoire va produire l’art et la religion, mais aussi les institutions politiques : l’État ou les lois sont l’extériorisation des idéaux de paix et de justice qui sont présents en l’homme. Avec la médiation, il y a une expression extérieure de sa propre intériorité.

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