La science

La science est un ensemble cohérent de connaissances relatives à des faits qui obéissent à des lois.

 

I. Un modèle pour la connaissance

 

Selon l’opinion commune, la science est un modèle pour la connaissance. Pour justifier cette thèse, trois arguments seront utilisés :

– La science est un modèle pour la connaissance car c’est par la science qu’on arrive à obtenir des certitudes, autrement dit, un authentique savoir. Ce couple de notions repères croire/savoir est essentiel : croire c’est tenir une chose pour vraie sans être capable d’expliquer pourquoi on la tient pour vraie ; savoir c’est tenir une chose pour vraie tout en étant capable de justifier le fait qu’on la tienne pour vraie. Si, en sciences, on atteint un authentique savoir, c’est parce qu’on est capable de justifier ce savoir.

– Si la constitution d’un savoir est le but principal de la pratique scientifique, c’est parce qu’il existe une méthode qui permet de démontrer le savoir. En mathématiques, la démonstration est une méthode idéale puisqu’elle est entièrement rationnelle au sens où les croyances et la subjectivité n’entrent pas en compte. En physique, on utilise la méthode expérimentale. Cette méthode a été théorisée par le médecin Claude Bernard au XIXe siècle dans un livre intitulé Introduction à l’étude de la médecine expérimentale. Selon lui, le scientifique commence d’abord par observer les phénomènes. Dans cette observation, il va essayer de repérer des régularités et ensuite, il va formuler une hypothèse fondée sur la généralisation de ces régularités qu’il vient d’observer. Autrement dit, le scientifique va donc procéder par induction, soit par anticipation sur les cas futurs à partir des répétitions observées des cas passés. Il lui faut donc d’abord formuler une hypothèse, puis mettre en place un protocole expérimental qui va permettre de vérifier l’hypothèse. Si l’hypothèse est vérifiée alors elle passera au statut de loi. C’est donc parce qu’on a une méthode qui permet d’atteindre un savoir authentique que la science est un modèle pour la connaissance.

– Grâce à la science, des nouvelles techniques qui vont nettement améliorer les conditions de vie humaine peuvent être produites. En effet, Descartes, dans Le Discours de la méthode explique que grâce à la science, de nouvelles techniques vont rendre l’homme « comme maître et possesseur de la nature ». C’est donc la finalité pratique de la science. Par exemple, l’électricité, résultat de nombreuses découvertes scientifiques, a considérablement amélioré le confort de l’Homme.

 

II. La science propose-t-elle des vérités définitives ?

 

La science présente pourtant des limites. En effet, la science propose-t-elle toujours des vérités définitives ? C’est un épistémologue nommé Karl Popper qui, au XXe siècle, va se poser cette question, et aller à l’encontre de l’opinion commune. Selon lui, on n’atteint pas de vérités définitives en science, ce qui semble paradoxal. En effet, il explique que le problème avec la science et avec sa méthode c’est qu’il est en réalité impossible de réaliser toutes les expériences possibles qui permettent de vérifier une hypothèse. Il faudrait donc toujours garder en tête la possibilité qu’une expérience inédite existe et qu’elle pourrait invalider une hypothèse qui jusqu’à présent est tenue pour vraie. Autrement dit, ce que peut faire l’expérience scientifique c’est dire avec certitude si une hypothèse est fausse car on l’a réfutée. Par contre, ce n’est pas parce que on n’a pas réfuté une hypothèse qu’elle est définitivement vraie. En fait, Karl Popper dit qu’elle est plutôt provisoirement vraie au sens où elle n’a pas encore été réfutée. Il y a donc une nuance.

De fait, en regardant l’histoire des sciences, nombreuses sont les théories qui ont été tenues longtemps pour absolument définitives mais qui se sont révélées fausses. Par exemple, grâce aux découvertes physiques du XXe siècle, on a découvert que les lois de Newton, longtemps tenues pour universelles, ne s’appliquaient pas à absolument tous les phénomènes, comme au phénomène qui s’approche de la vitesse de la lumière. Karl Popper montre donc que ce qui caractérise une hypothèse scientifique c’est qu’elle est falsifiable, au sens où il est toujours possible d’imaginer une expérience qui viendrait la réfuter. C’est la raison pour laquelle aux yeux de Karl Popper, les hypothèses de l’astrologie qu’on trouve dans l’horoscope, par exemple, ne sont pas scientifiques car elles ne sont pas réfutables. Quels que soient les événements de la journée, l’horoscope aura toujours raison, on ne peut pas vraiment réfuter ce qui est dit, donc ce n’est pas scientifique. La falsifiabilité fait la dimension scientifique de l’hypothèse.

 

III. N’y a-t-il de connaissances que scientifiques ?

 

Pour répondre à cette question, deux cas peuvent être utilisés :

– Le cas des sciences humaines. Peut-on véritablement parler de sciences humaines ? En effet, il a précédemment été dit qu’en science on cherche à établir des lois. Or, si un phénomène obéit à une loi, il est déterminé par cette loi. Donc si on parle de sciences humaines, cela veut dire qu’il y a des lois qui régissent les comportements humains. Mais s’il y a des lois qui régissent le comportement humain, cela veut dire que le comportement humain, contrairement à ce que l’on croit, n’est pas libre du tout. Donc, faire des sciences humaines, c’est partir du principe que nous sommes, au même titre que les phénomènes physiques, déterminés par des processus que l’on ignore car on se considère comme libres. Cela pose alors un problème en termes de responsabilité humaine. On peut donc s’interroger sur la pertinence de penser des sciences humaines au sens strict du mot.

– Existe-t-il une science morale ? Aristote, dans son Éthique à Nicomaque, s’est posé cette question, et a expliqué qu’en réalité, la morale n’appartient pas au domaine de la science stricto sensu. En effet, en sciences, on forme des lois générales et universelles, or dans l’action morale, des situations particulières et singulières surviennent toujours. Ainsi de ce point de vue, il vaut mieux, selon Aristote, faire appel à l’expérience, à la pratique, pour savoir ce que je dois faire, plutôt qu’à la théorie et à la généralité de la science puisqu’elles ne s’appliquent pas nécessairement à la singularité de la question qui m’interroge. Il est donc problématique, selon Aristote, de parler de science morale.

En somme, il n’y a peut-être pas de connaissances que scientifiques, même si la connaissance scientifique, si elle concerne son véritable domaine, est une connaissance qui permet d’atteindre des certitudes.

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