6 – Le développement technique transforme-t-il les hommes ?

Le développement technique transforme-t-il les hommes ?

1. Définir les termes

– Technique : vient du grec « technè » qui signifie art et habileté. C’est un procédé ou un moyen qui permet d’obtenir un but pré-déterminé. Le terme peut être employé dans de nombreux domaines : la technique de dissertation, la technique de l’artisan ou du cordonnier, etc.

– Homme : difficile de trouver une définition fixe. Mais l’Homme a certaines spécificités qui le différencient et le caractérisent au sein du genre animal : il dispose d’une raison et d’un langage.

Aristote caractérise l’Homme avec l’expression « animal rationnel ».

Nature fixe ? Certains disent que l’Homme change au fil de son histoire.

– Transformation : modification durable. La transformation n’implique aucun jugement de valeur, elle peut être positive ou négative.

 

2. Opinion commune

Si la technique doit transformer quelque chose, c’est moins l’Homme que le monde extérieur. La technique a pour fonction d’améliorer ou de faciliter le travail dans son rendement. C’est donc l’extérieur, l’environnement qui est transformé.

La technique, si elle ne transforme pas l’Homme en tant que tel, a quand même un effet sur lui. On parlerait plutôt d’actualisation. La technique fait l’Homme.

L’Homme est un être vivant avec divers organes, dont l’intelligence qui, comme les autres organes, a pour mission la survie de l’Homme. Si l’Homme est intelligent c’est parce qu’il a la nécessité de fabriquer des outils.

Bergson dit que si l’Homme est un être homo-sapiens (un être qui pense) c’est parce qu’il est homo faber (un être qui a besoin de fabriquer des outils). La technique lui permet d’actualiser ses capacités et ses potentialités. La technique ne transforme pas l’Homme mais l’actualise, le réalise.

 

3. La limite à l’opinion commune

À terme, on peut se demander si l’amélioration de la technique ou sa plus grande performance n’a pas un impact sur cette nature humaine. La technique tend à affaiblir l’Homme puisqu’elle lui facilite la vie. L’Homme devient dépendant de la technique.

Rousseau fait la distinction entre l’Homme de la nature et l’Homme civilisé. Il dit que l’Homme de la nature porte sur lui son corps entier et est plus à même d’utiliser toutes les capacités de son corps. L’Homme civilisé par tous les artifices qu’il utilise entre dans une certaine forme de dépendance.

La technique s’étend à de plus en plus de domaines : par exemple lors de la Révolution industrielle on a vu apparaître la mécanisation du travail et donc une parcellisation des tâches. Les tâches du travailleur sont devenues de plus en plus simples et de plus en plus répétitives ; si bien que le travail est redevenu synonyme d’animalisation de l’Homme.

La technique affranchit l’Homme et lui permet de se dégager de la survie, mais peut l’animaliser.

La technique, tout en affranchissant l’Homme de la survie, engendre de nouveaux besoins. En engendrant de nouveaux besoins, elle engendre une nouvelle dépendance, l’Homme se modifie. Exemple : l’Homme sans le téléphone portable n’est pas le même que l’Homme avec le téléphone portable.

L’Homme a de nouveaux besoins, de nouveaux désirs qui peuvent être déterminés par de vraies nécessités mais aussi par la nécessité de consommer (cycle production-consommation).

 

La technique est à la fois une nécessité : elle fait l’Homme, l’affranchit de la survie ; mais en même temps elle peut créer de nouvelles dépendances et replacer l’Homme dans un cycle de besoins et d’habitudes.

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